tennis:roland garros

Federer le métronome



Roger Federer au service - France 2
Dans un match appliqué, Roger Federer a maîtrisé son coriace adversaire Nikolay Davydenko 7-5, 7-6, 7-6.


La mécanique suisse a fait son oeuvre. Sans vraiment dominer les débats, le N.1 mondial a fait preuve d'une véritable science du jeu, revenant toujours dans les moments clés. Nikolay Davydenko n'a jamais su déstabiliser le Suisse. Federer disputera sa deuxième finale en deux ans à Paris, sa huitième finale d'affilée en Grand Chelem (un record).





Romain BONTE
Publié le 08/06 à 16:56




Cette demi-finale pourtant alléchante entre deux joueurs du Top 10 n’incitait pas pour autant la foule à s’amasser dans les tribunes à moitié vide du Central. Avant même le début de la partie, le Suisse bénéficiait d’un énorme avantage psychologique, lui qui avait déjà battu son adversaire du jour à huit reprises pour autant de rencontres. Toutefois, comme face à son précédent adversaire Tommy Robredo, Federer tardait à mettre en œuvre sa belle mécanique. Davydenko en profitait pour mener 2-0. Peut-être crispé, le Suisse refaisait surface, mais le Russe lui donnait du fil à retordre par son engagement physique. Omniprésent, la tête de série N.4 tentait de prendre constamment de vitesse le Suisse. Cette stratégie fonctionnait jusqu’à ce que Monsieur Federer décide de reprendre les choses en main alors qu’il était mené 4-2 et 0-40 sur son service. Il alignait alors trois services gagnants puis revenait à 4-3. Mentalement très solide, le Suisse prenait ainsi l’initiative du jeu, recollait à 4-4, puis enlevait finalement cette première manche 7-5 en un peu moins d’une heure.

« Je ne suis jamais aussi fort que lorsque je fais la course en tête » déclarait récemment Roger Federer. Et il l’a un peu plus confirmé en début de deuxième manche, grâce à des coups majestueux déposés sur la ligne, en amorties comme en coups puissants. Alors que la stratégie de Davydenko commençait à donner des signes d’érosion, Federer enfonçait le clou en sortant toujours vainqueur des échanges les plus décisifs. Symbole de cette guerre des nerfs, le Russe multipliait les doubles fautes, alors que son adversaire, lui, enchaînait les aces. S’efforçant constamment de maintenir le Suisse le plus loin possible du filet, Davydenko parvenait tant bien que mal à égaliser à 6-6 pour disputer le premier tie-break de la partie. Bénéficiant du soutien du public parisien, le Suisse conluait cette deuxième manche sur sa troisième balle de set 7-6 (7-5).

Passant toujours tout près, mais se faisant à chaque fois recalé, on aurait pu penser que le Russe allait totalement sombré dans la troisième manche, mais il n’en fût rien. Et même si Davydenko haussait les épaules en signe de dépit sur un nouveau revers brillamment exécuté par le Suisse, il restait dans le match. Une fois encore, il prenait même ses distances pour mener 3-1, puis 4-1. Les spectateurs imaginaient certainement que Federer allait enfin lâcher un peu de lest dans cette manche, mais c’était sans compter sur la pugnacité de celui-ci. L’actuel meilleur joueur mondial relançait sa mécanique si bien huilée, se battant sur chaque point, distillant ça et là des amorties et des passings aussi efficaces que somptueux.

Doucement, mais sûrement son travail de sape portait ses fruits. Il grignotait peu à peu les quelques points qui le maintenaient encore à distance du Russe, revenant alors à 5-2, puis 5-3. L’un des tournants du match se situait sans nul doute à ce moment précis, lorsque Davydenko peinait à s’imposer sur son service. Il fallait à Federer pas moins de 7 balles de break pour revenir à 5-4. Il enchaînait par deux aces dans le jeu suivant, histoire d’assommer un peu plus la tête de série N.4. Une cloche suisse se faisait entendre dans les gradins, l’heure du Russe avait-t-elle sans doute sonné… Dans l’ultime tie-break, Federer sonnait en effet le glas des espoirs de Davydenko, l’achevant 7-6 (7).

Avec huit finales de rang en poche dans les quatre épreuves majeures, Federer vient de signer une performance exceptionnelle. Le record que détenait Jack Crawford, avec ses sept finales du Grand Chelem, disputées consécutivement entre l’Open d’Australie en 1933 et Wimbledon en 1934, s'est ainsi envolé. Federer construit toujours un peu plus sa légende.